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Florent Toniello

poème-minute, c’est son nom
trop dur lorsqu’il surgit
pendant la cuisson d’un œuf à la coque
encore cru s’il naît en flashes
d’une bouffée de cigarette

 

poème-minute entre deux stations de métro
rimaillé à la va-vite après l’amour
combien de vers n’a-t-on pas conçus
ainsi sur l’oreiller trempé de sueur
poèmes-minute reproductifs

 

poème-minute au parc parmi
les jonquilles et les crottes de chien
sur le banc mouillé où si l’on s’attarde
on aura les fesses mouillées alors
on versifie l’inconfortable

 

poème-minute et demie au son
des cloches qui appellent à la messe
où l’on ne se rend évidemment pas
puisque la poésie déjà est un sacerdoce
et qu’on ne va pas quand même

 

faire vœu de chasteté poème-minute
aux toilettes du restaurant lorsque
la nourriture indienne épicée commence
à faire son effet inéluctable
déversement de mots incontrôlable

 

poème-minute dans une chambre noire
entre deux baisers échangés au goût
révélateur qui fixe les métaphores
dans une file d’attente où manque toujours
le moyen d’en préserver la fraîcheur

 

poème-minute à la roulotte
au son des vitres brisées et des
sirènes de police dans l’obscurité
grain de peau entraperçu
au hasard d’une fenêtre ouverte

 

poème-minute comme un instant
de dimensions inimaginables
au son des gazouillis et des
cancanements poème-minute improvisé
au hasard d’un évier bouché

 

poème-minute enfin borné
par le temps qui passe et qui
ne peut continuer plus avant
car sa crudité n’appartient pas
à un recueil poussiéreux

 

 

 

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