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Mokhtar El Amraoui

Chants de regards

 

Nous nous engendrons de nos silences, 

De nos regards qui chantent 

De ciel et de profondes nuits. 

Le poème recouvre nos linceuls 

Troués de questions en roses 

Et toutes nos horloges oubliées 

Qui lapaient des crépuscules sifflotés, 

A l’heure où la pierre rencontre 

La sanglante lumière 

Qui fait ailes de toutes mains.

**

Ciel en lambeaux
 

Le clapotis des vagues bat les cartes effritées.
Les rames nerveuses découvrent
Le rire désargenté des écailles explosées
Et le jasmin rouillé d’une dernière soirée
Sans parfums ni lendemains.
Le chat édenté ne peut plus miauler.
Il pose ses pattes sur chaque rive du canal,
Pour avoir, des pêcheurs,
Quelques têtes de sardines éméchées.
Une ombre chancelante jette toute grondante
Comme une lune fracassée contre le phare vert
La bouteille d’alcool à brûler en plastique,
A flamber les veines pisseuses
D’un vieux soleil fou fatigué
Qui s’étrangle
Dans les tourbillons nerveux
Des cordes d’un oud fané
Qu’on asphyxie
Comme une grenade pourrie,
Tête ensanglantée
Qui vomit toutes ces promesses non tenues !
Les griffes noires du ciel en lambeaux
Ecrivent sur les remparts
Les cris bouffés par le sel de la morte lune !

 

 

 

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